Où sommes-nous maintenant ?

Tant de croisements ont séparé nos routes. Tant d’années ont fardé de poussière nos souvenirs. Tant de bonheur. Tant de colère. Tant de nuits insomniaques à ressasser les si, à tenter de retrouver cet abandon total qui nous libérait de tout et laissait nos âmes à nu s’entrelacer en un orgasme des sens sans fin, sans trêve et sans retour.

Où sommes-nous maintenant ?

Coeurs écorchés, moitiés déchirées qui subsistent loin de l’autre, hères errant cherchant dans l’absolu de l’instant qui s’enfuit, un semblant de joie. Vision fugace d’un hall d’aéroport où tu apparaîtrais. Moi, aviateur déchu du septième ciel, échoué quelque part sur un tarmac désert. Toi, belle et souriante, rayonnante d’amour. Moi, pleurant de joie, priant que tu ne sois pas un mirage.

Où sommes-nous maintenant ?

Dans le confort d’une existence qui nous éteint un peu plus chaque jour. Prisonniers d’un choix. Victimes consentantes d’un destin qu’on subit et qu’on assume, en dépit de l’évidence. Le jour où la raison, au prix d’un combat sans merci, a terrassé l’amour, sans lui laisser la moindre chance. Un combat inégal, truqué et joué d’avance.

Pourtant, et contre toute attente, l’amour est vaincu. Il est vaincu mais il n’est pas mort. Il subsiste et s’accroche. Il connaît sa force, il se fout de la légitimité. Il sait qu’il a toujours raison, même si les circonstances se liguent contre lui et unissent leur force pour le détruire. Il est tapi au fond d’un coeur qui agonise, mais il est toujours là, vibrant, prêt à ressurgir de toutes ses forces. L’ amour, le vrai, ne s’essouffle pas. Les années, les évènements, les tempêtes et les orages n’ont aucune incidence sur lui. Il sait qu’un jour, même s’il a perdu la bataille, il triomphera de toute sa beauté et rendra deux âmes éperdues enfin heureuses et unies à tout jamais.